Témoignage émouvant de Lili Leignel

vendredi 21 septembre 2018
Culture

 #CULTURE  Les élèves du lycée Saint Roch ont reçu la visite de Lili Leignel, ancienne déportée au camp de Ravensbruck et de Bergen Belsen.​

 
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À 86 ans, Lili Leignel n’a rien oublié de sa déportation dans les camps nazis à l’âge de 11 ans. 

Jusqu’à ses 11 ans, Lili Leignel a vécu une enfance heureuse à Roubaix, au côté de ses parents et de ses deux petits frères. Le 27 octobre 1943, la jeune fille a basculé dans l’irréel, l’indicible. Déportée avec sa maman et ses frères à Ravensbrück, au terme d’un voyage inhumain, séparée de son papa qu’elle ne reverra jamais. 

Elle décrit l’abominable voyage en train en 1943, parqués comme du bétail dans des wagons, sans manger ni boire durant des jours. L’arrivée dans les camps successifs, jusqu’à celui de Ravensbrück en Allemagne.

La perte totale de l’intimité, la tête rasée, les odeurs nauséabondes, les maladies, les douches froides avec très peu d’eau. «  La sirène retentissait à 3 h 30 du matin mais maman nous réveillait une demi-heure plus tôt pour qu’on ait assez d’eau pour se laver. Pour elle, c’était la seule dignité qui nous restait et c’était une forme de résistance. » Le matricule, aussi. «  Il fallait le connaître par cœur en allemand. À partir de ce moment-là, nous n’étions plus personne. »

Sa mère travaillait durement et craignait chaque soir que ses enfants aient été emportés pour ne jamais revenir. «  La seule distraction pour nous, c’était de tuer nos poux. Ils nous donnaient d’ailleurs des maladies. Et surtout, nous crevions de faim. »

Le 15 avril 1945, les Anglais les libèrent, mais le typhus fait déjà des ravages depuis longtemps. La mère de Lili l’a contracté. Elle est hospitalisée. Lili et ses deux petits frères doivent repartir seuls, dans un train à bestiaux. Arrivés à Paris, Lili et ses frères sont contents d’être libres, mais tristes car sans nouvelles de leurs parents. 

Hébergés par un dentiste, puis une tante, les enfants sont finalement placés dans un établissement de la Croix Rouge. «  Et un jour, la porte de notre chambre s’est ouverte. C’était maman, elle ne pesait même pas 27 kg  ». Ils apprendront en revanche la mort de leur père, mitraillé par les Allemands à Buchenwald, trois jours avant la libération du camp.