Lili, une figure emblématique

mercredi 6 avril 2022
Education

 #PORTRAIT  Eliane Delbarre, Estairoise âgée de quatre-vingt-huit ans, plus connue sous le surnom de Lili Bar, a tenu pendant quarante ans le café-épicerie « Au Retour des Hirondelles » anciennement situé à l’entrée d’Estaires dans le quartier de la Maladrerie. 
 

 
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C’est avec beaucoup d’émotions que Lili se remémore les souvenirs du temps passé. En 1940, au début de la seconde guerre mondiale, la petite Eliane a six ans et se voit contrainte de quitter sa ville natale. Pendant un mois, elle et sa mère sillonnent les routes pour rejoindre la commune de Vivonne près Poitiers et échapper aux bombardements. « Ça a été atroce, on a dormi dans les fossés. Ma mère avait beaucoup de courage, je n’avais que six ans mais je m’en souviens encore. » explique Lili. Une fois la guerre terminée, Lili retourne à Estaires avec sa mère. Toutes deux reprennent le café familial créé après la guerre 14-18.  A dix-sept ans, la jeune estairoise se marie. En 1954, c’est aux côtés de son mari qu’elle continue de travailler au sein du café et de l’épicerie : « Chaque jour, sans interruption, de six heures à vingt heures, nous prenions plaisir à accueillir les gens, les écouter, discuter, jouer aux cartes... On faisait également épicerie pour dépanner. J’en garde de très bons souvenirs. » déclare l’Estairoise.

 
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Convivial et chaleureux, le bistro a accueilli de nombreux habitants des alentours mais aussi des routiers. Lili se souvient très bien d’une nuit de grande tempête de neige où elle avait accueilli quelques routiers dans son établissement dans l’attente qu’ils puissent reprendre la route. « C’était une nuit joyeuse. Tout le monde était à l’abri au chaud. J’avais fait des boîtes de cassoulet afin qu’ils puissent manger. Ça s’est très bien passé. » explique la gérante. En 1984, Lili se retrouve seule suite au décès de son époux mais continuera de gérer l’établissement et ce jusqu’à sa retraite en 1994 à l’occasion de laquelle  une cérémonie avait été organisée à l’Hôtel Marchault. L’occasion pour Lili de remercier sa clientèle avec qui elle s’est liée d’amitié au fil des années. « Les gens ont toujours été très délicats avec moi, j’ai toujours été très respectée de la même manière que j’avais du respect envers eux. C’était une clientèle familiale. Même des années après, je ne peux dire que merci à ce quartier qui m’a toujours été fidèle mais aussi envers ma mère, Hélène, que tout le monde appelait Madame Hélène. ».

 
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Vingt ans après, Lili rencontre encore des clients qui continuent de la remercier pour sa tolérance, sa simplicité et sa bienveillance. Dynamique et joviale, Lili aime le contact et n’hésite pas à s’investir pour les autres. En 1998, avec une amie, elle organise des chants et des petites saynètes les mardis après-midi pour le plus grand plaisir des résidents de l’EHPAD des Charmilles. « C’était super d’échanger avec eux, de les faire rire. J’ai fait ça pendant vingt ans et j’ai adoré. » explique-t-elle. A quatre-vingt-huit ans, Lili n’a pas perdu de son dynamisme. Elle marche deux kilomètres par jour, se rend régulièrement au Club du Bon Vieux Temps pour jouer à la belotte et échanger en bonne compagnie. « J’aime bien le contact. Je suis très discrète mais je me promène souvent pour rencontrer des gens, pour dire bonjour. Parfois, on parle du passé, on refait le monde et on est heureux. » déclare l’Estairoise.